Pourquoi j’ai détesté Star Wars : Rise Of Skywalker

ATTENTION CET ARTICLE CONTIENT BEAUCOUP DE ***SPOILERS***.

Déçu et frustré. Presque triste. Alors que The Last Jedi m’avait emballé par son écriture et sa réalisation audacieuse, qui ouvrait des portes à un final grandiose et réjouissant, Rise Of Skywalker m’a fait l’effet d’un film paresseux sans ambition scénaristique et artistique, où la seule mission de JJ Abrams était de cocher une checklist scènes après scènes.

Rian Johnson a été beaucoup (et selon moi très injustement) critiqué pour avoir cassé des convenances avec The Last Jedi, mais son film avait livré sur un plateau des possibilités très excitantes. L’important « see you around, kid » lancé par Luke Skywalker à Kylo Ren au moment où celui-ci découvre qu’il s’est fait berner laissait présager que les deux allaient à nouveau s’affronter dans l’épisode 9, ou peut-être même finir par s’allier entre « force ghosts » pour terrasser un ennemi commun, plus puissant que jamais. Johnson nous y avait d’autant mieux préparé qu’avec la scène où Yoda met le feu à l’arbre des Jedi, The Last Jedi nous avait appris que les fantômes peuvent interagir avec le monde réel. Or de ça, JJ Abrams n’en a gardé qu’un sabre laser intercepté au vol et une remontée de X-Wing.

Pire. L’Episode 9 était censé donner du liant et une conclusion cohérente à toutes les trilogies. Je m’attendais donc à ce que la prophétie tant développée dans la prélogie, qui fait d’Anakin Skywalker le personnage central, l’Elu qui doit apporter l’équilibre dans la Force, révèle toute son importance. J’étais même prêt à entendre une explication me réconciliant avec ces fichus midichloriens. Mais non. Plutôt que de nous montrer comment Anakin vient en aide à Rey sous une forme ou sous une autre, voilà qu’on nous invente que celle-ci est la petite fille de Palpatine (ah bon, il a eu des enfants ?), et qu’elle n’a donc rien à voir avec un Skywalker. Finalement on voit pas bien en quoi Anakin a équilibré quoi que ce soit et pourquoi nous avoir raconté cette histoire.

La scène finale de The Last Jedi montrait par ailleurs un jeune garçon utilisant la Force pour saisir son balais, et portant fièrement une bague d’allié de la Résistance. On savait que Rey avait emporté les livres sacrés des Jedi, utilisés pour former les nouvelles générations. Qu’est-ce qu’Abrams a fait de cet embryon de nouveaux jedi alors que Luke appelait à leur disparition et que Yoda l’en avait empêché ? Absolument rien. Rey est la seule à s’être formée avec l’aide de Leia. C’est comme si cette scène de transmission de témoin n’avait pas existé.

Et parlons de Palpatine. Le film commence avec Kylo Ren qui sait d’emblée que l’empereur existe et qui part le tuer. On nous montre l’empereur dès les premières images comme s’il fallait tuer toute idée de suspense et l’accepter comme un postulat scénaristique pour la suite. Pourtant dans The Last Jedi, personne ne soupçonnait la survie de l’Empereur. Le sommet de la pyramide des méchants c’était le Supreme Leader Snoke. Quand Kylo le tue dans une scène à revoir (où l’on comprend bien que Snoke sait très exactement qu’il va se faire couper en deux par son apprenti et qu’il se laisse faire), Kylo est convaincu qu’il règne cette fois seul sur la galaxie et que sa seule adversaire à combattre est Rey. La découverte du fait qu’il a été depuis tout ce temps manipulé par une poupée cadavérique contrôlée à distance par l’Empereur aurait dû être une scène majeure de la trilogie, rendant plus dramatique encore la mort de son père, et rendant nécessaire une alliance en vue de terrasser pour de bon un Empereur plus puissant que jamais. Mais non, cette découverte de la nature de Snoke et de la survie de l’Empereur est torchée très vite et sans aucune sensibilité dans la mise en scène. Un vrai gâchis.

Sur le reste, même s’il a quelques belles scènes de ci de là, j’ai trouvé le film globalement poussif, mal monté, peu créatif, parfois mal joué, et même la musique de John Williams était insipide, comme s’il n’avait trouvé aucune scène dans laquelle exprimer son immense talent. Le trop-plein de fan service, enfin, a trahi à quel point Abrams et Disney ont eu pour obsession de plaire aux fans quand Rian Johnson avait pris le risque de les prendre à rebrousse poil pour proposer quelque chose d’inattendu et de créatif.

J’en veux à Disney pour ça. Johnson a été tellement critiqué qu’ils ont voulu jouer la carte de la sécurité avec un industriel du cinéma, à qui une commande a été fournie, et qui l’a exécuté sans saveur et probablement sans grand plaisir. J’aurais tant aimé, au départ de Colin Trevorrow, que Rian Johnson poursuive sur sa lancée…

Il faudra attendre sa propre trilogie. J’ai hâte.